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Dolorès Gosselin a appris à 40 ans qu’elle était métisse. Un aspect identitaire qu’elle a embrassé pleinement et qu’elle transmet par des histoires et des cérémonies traditionnelles. Pour plus d’impact, elle a créé sa propre entreprise : Drumming for Healing.
En grandissant, la native de Saint-Malo, Dolorès Gosselin, ne savait pas qu’elle était métisse. Elle ne l’a appris que vers 40 ans, quand les recherches généalogiques entreprises par sa sœur ont révélé la présence de plusieurs femmes cris dans la famille. « Ma mère, Emma Perreault, avait voulu nous protéger, explique-t-elle. À l’époque, les enfants métis se faisaient abuser à l’école. »
Tout de suite, ce nouveau pan de son identité l’a intriguée. « J’ai commencé à faire des recherches, à étudier les traditions métisses. J’ai découvert que j’étais raconteuse. J’ai aussi appris à fabriquer un tambour auprès d’une Aînée des Premières Nations, et j’ai reçu l’enseignement du tambour en même temps. »
Pour la femme métisse, transmettre les enseignements métis est très important. « Ce sont des traditions excellentes pour retrouver la paix. Le tambour, par exemple, aide à gérer ses émotions. D’abord, on joue fort pour faire sortir les énergies négatives, comme la colère, la frustration. Puis, il faut jouer doucement pour laisser les émotions positives entrer, comme la paix et l’amour. Ça fait beaucoup de bien intérieur. »
Elle remarque aussi que l’expérience unique de taper tous ensemble sur un même gros tambour est souvent très appréciée de tous, des tout-petits aux vieillards.
Le tambour est en effet un vecteur clé d’enseignement pour la Métisse francophone. Elle confie que « peu après avoir reçu l’enseignement du tambour, les ancêtres m’ont demandé dans un rêve d’avoir un gros tambour et de ramener les femmes et les enfants au tambour.
« Depuis, je vais dans les écoles ou au Musée de Saint-Boniface pour organiser des ateliers de tambour avec une autre femme. Elle fait les tambours car mes mains ont de la difficulté aujourd’hui, mais c’est moi qui donne l’enseignement, en français. On ne devrait jamais juste fabriquer un tambour. Ce n’est pas une simple chose. Il est important de comprendre qu’on devient les gardiens de nos tambours. »
Outre le tambour, c’est aussi par les histoires que Dolorès Gosselin transmet les traditions métisses. « C’est en racontant des histoires que les Aînés des Premières Nations enseignaient aux plus jeunes. Cette tradition s’est perdue avec les pensionnats indiens et les réserves, mais on essaie de la ramener. »
Pour sa part, Dolorès Gosselin a écrit sept histoires sur les sept enseignements sacrés autochtones, en prenant comme personnage principal de chaque histoire l’animal ou l’oiseau représentant l’enseignement sacré. Elle a aussi inventé deux histoires autour d’un canot en écorce de bouleau.
« Mes histoires me viennent la nuit, dans mes rêves. C’est comme si je les avais dans le cœur. Je suis raconteuse depuis dix ans, mais je ne raconte jamais une même histoire de la même façon. Je joue avec les détails. J’inclus mes expériences de vie récentes. Je raconte avec le cœur. »
Pour ne pas que ses histoires se perdent, Dolorès Gosselin a récemment décidé de les faire publier en anglais, en français et en métchif. Le processus de publication est en cours. Un CD audio de ses récits en langue métchif sera aussi disponible.
« Pour que le processus de publication soit plus facile, j’ai créé fin mai ma propre compagnie, Drumming for Healing, grâce à l’aide de Joel Lemoine du CDEM. Le CDEM va aussi m’aider à faire mon budget pour pouvoir demander des subventions. »
Par ailleurs, la Métisse francophone anime souvent des exercices de réconciliation, notamment celui des couvertures, pour le Conseil jeunesse provincial ou Développement et paix.
Aujourd’hui, Dolorès Gosselin a plusieurs idées pour son entreprise. Entre autres, elle prévoit étudier la possibilité de faire de sa propriété au bord de la rivière Roseau, dans la Municipalité rurale de Stuartburn au sud de Saint-Malo, un centre où elle pourrait accueillir des groupes.
« Ceux-ci viendraient ici pour retrouver la paix, se reconnecter avec la nature, ralentir, et vivre des cérémonies traditionnelles métisses autour du feu, de l’eau ou encore du tambour. » Les coups de tambour de Drumming for Healing n’ont pas fini de résonner.
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